Une rapide introduction pour expliquer mes motivations ne serait pas de trop. A force de lire des conneries sur mon propre boulot, parfois raconté par mes propres confrères, l'idée me trotte d'exposer ma vérité sur le passionnant métier qui est de vendre des call of duty à des enfants de 15 ans. Le podcast récent bourré d'imprécision et de contre vérité m'a incité à franchir le pas. J'essaierai d'être le plus exhaustif possible avec ma petite expérience (De smicard à Micromania, au gérant de magasin indépendant) tout en étant le plus intéressant possible.
Et comment bien commencer cet article que par remettre à plat le bordel qu'est la situation du JV en France ?
Pour vous, clients, il y a trois grands secteurs :
- Le magasin spécialisé : Micromania, Game (enfin plus pour longtemps) et les indépendants.
- Le magasin multimédia (FNAC, Virgin, Amazon, Boulanger...)
- Et enfin la Grande Distribution (Auchan, Carrefour, Leclerc...)
Au niveau des parts de marché (approximatives) on estime que les premiers en occupent entre 30 et 40% et que les deux autres sont à peu près au même niveau. Je reviendrai sans doute plus tard sur la façon dont les différentes enseignes sodomise votre loisir préféré (mais avec le sourire!).
Je vous propose d'attaquer directement par ce qui me touche le plus à l'heure actuel : Le magasin de quartier.
En tant qu'indépendant vous êtes un peu le petit poucet du logiciel vidéo-ludique : celui dont on aimerait bien se débarrasser en le lâchant au milieu du bois avec ses frères consanguins. Autant vous dire que la situation n'est pas gagné d'avance. D'abord en tant que magasin il faut se procurer les jeux. Évidemment les mettre sous la veste au Monoprix du coin de rue n'est pas une solution viable dans le temps et l'achat chez un grossiste se révélera vite indispensable (même si certains magasins du boulevard Voltaire vous prouveront le contraire.)
Seulement voilà, à moins de s'appeler M. Micromania, pas mal de portes vous seront directement fermé. La plupart des éditeurs vous demanderont en effet un minimum de Chiffre d'Affaire annuel (un million d'euros en général) ainsi que des minimum de commandes inimaginable pour travailler avec eux. Ils ne vous reste plus donc que la solution Grossiste ; et c'est là que le folklore commence.
Car oui, malgré leur part de marché importantes (INNELEC MULTIMEDIA 1er grossiste Français représente environ 10% du marché), les éditeurs n'aiment pas vraiment les grossistes et à moins d'avoir de très bonnes relations avec vos différents commerciaux, les grossistes n'aiment pas vraiment non plus les indépendants. Mais bon c'est une rentrée d'argent donc on va leur vendre les trois PES qui traînent au fond de la boite.
Exemple récent :
Ce superbe totem call of duty présent dans tous les magasins du pays dont le grossiste au 10% de part de marché n'a même pas entendu parler ou encore les 800 collectors Diablo 3 attribué sur 4000 commandes passé.
Et oui, une fois votre commande (ou pré-commande pour les plus futés d'entre vous) passée maintenant il ne faut pas que s'abatte sur vous la douloureuse sentence du : « On a été coupé » . Cette simple phrase, me donnant encore à l'écriture de ce texte des frissons d'angoisse, veut implicitement dire que sur les trente jeux que tu a commandé il y a trois mois, estime toi chanceux si tu en récupère cinq.
Car les éditeurs aujourd'hui, paranoïaque à l'idée de se retrouver avec un stock sur les bras, préfèrent charcuter les commandes de leur clients et faire la répartition de leur jeu avec une roue géante et une bimbo sillonnée.
Les grands pontes de Micromania, Game et la Fnac en pleine répartition du prochain Assassin's Creed.
Et ce n'est pas les 70 Tiger woods PGA Tour PS3 qu'a reçu mon fournisseur sur les 2000 qu'il a commandé qui me diront le contraire.
C'est fini pour ce premier jet déconstruis, j'essaierai de revenir plus en détail sur les prix de ventes/achats de jeux et la grande bataille du « Qui fera passer cassera le plus les prix mais on s'en fout on vends du jambon ?»
N'hésitez pas à donner vos impressions et vos critiques sur la forme et le fond, merci !